L'Âne Gardien (et le lama)

On parle souvent des chiens de protection ; pour les troupeaux de plus de 100 brebis cela peut représenter une méthode pour réduire les attaques sur les troupeaux domestiques mais pour les petits troupeaux de moins de 100 brebis... Que faire ? 

 

Clôtures, chiens, dispositifs d'effarouchement, etc. ; la recherche pour protéger plusieurs lots de brebis de moins de 50 têtes est un casse-tête. Pourtant c'est ce qui revient le plus souvent pour le contexte de plaine. Pour rappel, il est souvent très complexe d'installer des clôtures électriques dans les petits parcs d'élevage avec un environnement diversifié : vieux pré-verger, zone gérée en sylvopastoralisme, présence de haies, en bordure de forêt, etc. 

 

Il est donc important de proposer/tester des alternatives. Parmi celles-ci : certains dispositifs d'effarouchement (mesures temporaires) et peut-être les ânes... mais en respectant certaines conditions.

Objectif principal de l’expérimentation

L'âne est testé comme moyen de dissuasion contre les prédations sur les troupeaux domestiques.

Pourquoi ?

La plupart des éleveurs de plaine qui possèdent 200 à 500 brebis peuvent rarement mettre à l'herbe leur brebis sur un seul parc. La plupart du temps, le troupeau est scindé en petits lots (allotement). Donc introduire un chien pour 20 brebis multiplié par le nombre de lot, cela revient vite à élever des chiens plutôt que des brebis... 

Recommandation technique

  • Un âne pour 100 brebis max !
  • Il est impératif (comme pour le chien) d'introduire progressivement l'âne dans le troupeau.
  • De plus, il est primordial de sélectionner un âne assez grand, approprié à la surveillance et protection du troupeau. A l'image du chien de protection, l'âne doit être sélectionné convenablement (on n'introduit pas n'importe quel chien dans un troupeau, il en va de même pour l'âne !). 
  • Enfin, il est recommandé d'introduire plutôt une ânesse ou un mâle castré qu'un mâle entier (le mâle a tendance à "jouer" avec les brebis et donc de les blesser). Il est possible d'introduire une ânesse avec son ânon pour que celui-ci s'habitue au troupeau... 

Premier retour d'expérience  en France :

Lorsque nous nous sommes renseignés sur le sujet, nous avons eu l'occasion d'échanger avec une asinerie du Grand-Noire du Berry. L'avantage de cet âne de race, est sa taille et rusticité. L'éleveur a pu observer à plusieurs reprises une défense de ses ânes contre des intrusions dans les parcs. Une fois il s'agissait d'un chien de chasse égaré, une autre fois ; trois de ses ânes ont bloqué dans le coin d'un parc, un sanglier ! 

 

Autre retour que nous avons eu sur une ferme de Normandie : un éleveur subissait des attaques de renards sur son élevage de poules (élevage en plein air). A proximité de l'exploitation il y avait aussi des ragondins... Dans le parc juxtaposant, l'éleveur a mis en pâturage un âne commun. Depuis, il n'a plus eu d'attaque de renard. En plus de cela, il a retrouvé des ragondins tués par l'âne... 

 

Les exemples sont nombreux. Toutefois, nous avons déjà eu des retours d'expériences négatives d'introduction d'un âne dans un troupeau de brebis. Les causes :

- une introduction trop rapide avec le troupeau (mettre du jour au lendemain un âne dans le troupeau), 

- un âne trop petit ou non adapté au troupeau

- plus d'un âne dans le troupeau (préconisation d'un seul âne/troupeau)

- caractère propre à l'âne qui le rend non compatible avec le troupeau

"Nous avons déjà entendu dire qu'un âne peut se faire tuer par une meute de loup. Oui, forcément ; comme c'est le cas avec des chiens de protection qui se font tués par des loups. Après, est-ce une raison suffisante pour ne pas introduire un âne dans le troupeau ?


Premier retour d'expérience dans le Grand-Est :

L'association Meuse Nature environnement a travaillé sur l'introduction d'ânes gardiens de 2015 à fin 2018. Néanmoins, à ce jour (en 2020), aucun âne n'a été introduit spécifiquement par nous-mêmes.

 

Ceci-dit, des éleveurs du territoire Grand Est on fait l'expérience d'introduction d'ânes gardiens dans certains de leurs troupeaux.

 

Voici quelques informations qui nous sont remontées :

- un éleveur a introduit trois ânes mâles ensemble dans le même troupeau (troupeau de 50 brebis). Il a observé une fois l'un des ânes mettre en fuite un chien d'un promeneur qui est entré dans le parc. Ce même éleveur n'a constaté aucun problème au fait d'avoir mis trois ânes ensemble dans le même troupeau alors qu'il est préconisé d'introduire un seul âne (et de préférence une ânesse plutôt qu'un mâle entier). 

- un paysan du coin de Pont-à-Mousson (54), met en permanence avec son troupeau de 80 brebis, un âne commun. Il n'a jamais eu de problème avec des chiens divagants ou autres. 

- un autre éleveur n'a pas introduit directement son âne dans le troupeau de brebis mais s'est servit de l'âne présent dans le village pour être "alerté" en cas de problème dans le village où son troupeau pâturait. L'âne se met à braire, alertant ainsi l'éleveur... (une méthode indirect sans doute peu tenable dans le temps ?)  

 

Le lama a déjà été utilisé. Néanmoins, nous n'avons aucune info à ce sujet. Plus d'infos : 

http://www.protectiondestroupeaux.ch/fr/planification-et-vulgarisation/projets/projet-lamas-et-protection-des-troupeaux/ 


Photo du haut : Grand-Noir du Berry